Le Valais et ses étiquettes de vin

1896

C’est au tournant du 20e siècle que les étiquettes de vin commencent à indiquer le nom du cépage, de l’encaveur ainsi que l’année de production. Cette composition, devenue aujourd’hui classique, est apparue progressivement.

1930

Cette belle étiquette d’un « Rouge d’enfer » est perçue par Nikolaus Bodenmüller comme une présentation d’un cornalin d’avant l’heure.

1881

Lors de l’Exposition agricole suisse à Lucerne en 1881, les producteurs de vins valaisans reçoivent une étiquette unique. Les encaveurs y inscrivent toutes les informations nécessaires pour le jury.

1880-1890

À la fin du 19e siècle, le parchet est 27 souvent utilisé pour désigner le vin, et l’on préfère indiquer la terre productrice plutôt que le cépage ou l’encaveur.

C’est de Savoie que ce cépage Altesse est originaire. La grappe en relief est une technique utilisée dans le design d’étiquettes récentes.

Propriété du Conseiller d’Etat Maurice Troillet, le réputé Domaine des Claives fut travaillé un temps par Maurice Chappaz et Corinna Bille avant d’être mis en valeur par Marie- Thérèse Chappaz. Ce coteau à la pente abrupte est difficile à dompter, possédant le même caractère que l’homme politique. En médaillon, l'Abbaye, demeure de Maurice Troillet au Châble.

Nommé ainsi dans le registre d’Anniviers en 1313, ce Cornalin retrace un morceau d’histoire, tout comme le roman 1352 Un médecin contre la tyrannie de Philippe Favre.

Le célèbre couple d’écrivains Maurice Chappaz et Corinna Bille apparaît également en « couverture » de cette étiquette signée du graveur suisse Henry Bischoff.

L’origine romaine de la vigne et du vin en Valais, avant les dernières découvertes archéologiques, est bien souvent mise en exergue.

Ce Fendant de la colère fait référence à l’épisode historique, celui des vignes détruites par l’État en 1961 : il sème la terreur, du nom du journal de carnaval créé par Pascal Thurre.

Premier aviateur à franchir la barrière sud des Alpes par la voie des airs, Géo Chavez s’écrase à l’atterrissage, en 1910. La première et tragique ascension du Cervin en 1865 est aussi commémorée. Le sang des héros modernes inspire les encaveurs.

Le cardinal Schiner fait partie des grandes figures cantonales souvent évoquées, y compris par l’étiquette.

Si la production de vin tend à se moderniser, tout en gardant une volonté de tradition et de savoir-faire naturel, le sécateur et la channe restent des représentations symboliques qui traversent les décennies.

Le travail de la vigne est souvent mis en scène dans les étiquettes valaisannes : de la vendange au caveau en passant par le pressoir, les couples ou les hommes et femmes distinctement et symboliquement se prêtent au jeu visuel ... et le chapeau est de mise pour ce travail en plein cagnard.

Ce sang du Valais, qui prend sa source dans les bisses irriguant les vignobles, coule ensuite dans les brantes, dans les pressoirs, dans les fûts, les channes, les tonneaux et les bouteilles, autant d’éléments visuels exploités.

Mazots, mulets, channes et brantes, autant d’éléments visuels longtemps jugés indispensables pour illustrer le Valais du vin.

C’est l’image d’un Valais véritable « Terre d’Histoire » qui est véhiculée sur de très nombreuses étiquettes de vins commercialisés dans toute la Suisse. Sous presque tous les angles, Valère et Tourbillon dominent ce classement, mais d’autres sites et châteaux occupent également le devant de la scène.

La mention de certains cépages ou de certains lieux suffit parfois à indiquer la provenance valaisanne du vin : le Johannisberg, le Fendant ou le site de Molignon sont liés au terroir valaisan, pour les producteurs comme pour les consommateurs.

La Saviésanne en costume est aussi au service de la commercialisation du vin valaisan dans le canton de Vaud !

Sport et vin font bon ménage, comme en témoigne ce vin valaisan d’un commerçant bernois représentant une vingtaine d’activités sportives pratiquées en Suisse, dont la chasse.

En 1885 Edmond Gilliard, vaudois d’origine tout comme les créateurs du domaine du Mont d’Or, acquiert le Clos du Mont et le Clos du Brûle-Fer. Il fonde la Maison Gilliard, l’une des plus vieilles caves du Valais. Au fil des années et des vignobles, naissent les gammes La Dôle des Monts, Le Fendant des Murettes et La Porte de Novembre.

Datant de 1848, le domaine Mont d’Or est considéré, dans le monde de la viticulture qui se modernise alors, comme le plus ancien du Valais sous cette forme. Mont d’Or a participé à l’importation de cépages aujourd’hui largement répandus. Avec quelques 220 terrasses, le domaine et ses guérites jaunes font partie du paysage valaisan. Les étiquettes du domaine Mont d’Or sont souvent aisément reconnaissables à la persistance de la présence des médailles glanées lors de concours, notamment lors de l’exposition universelle de Paris en 1878.

L’épopée Provins débute en 1930 sous le nom Fédération des caves coopératives valaisannes et l’impulsion du Conseiller d’État Maurice Troillet. Les deux premières caves de Sion et Riddes-Leytron sont rapidement rejointes par Sierre et Ardon, puis progressivement par d’autres caves valaisannes. En 1932 la cave prend le nom de Pro Vin qui devient en 1934, grâce à André Guex, Provins. Les étiquettes témoignent de cette évolution.

La collection de Nikolaus Bodenmüller comporte 7000 étiquettes de la seule cave Provins ! Leur style a passablement varié au cours des décennies, avec des essais graphiques qui, bien que séduisants, ont connu un accueil contrasté. Cela n’empêcha pas la cave de faire appel à des graphistes suisses réputés, pour ses affiches comme pour ses étiquettes.

Charles-Clos Olsommer

Les artistes sont souvent appelés à réaliser des étiquettes et ne méprisent pas cet humble support, comme en témoigne Charles-Clos Olsommer. Et cette vigneronne deviendra emblématique pour cette cave.

Jean Tinguely

Robert Héritier

Charles Menge

Chaque édition du festival BD à Sierre a vu la création d'étiquettes, notamment par les lauréats du festival, pour habiller des vins des principales caves de la région. L’occasion pour les connaisseurs du 9e art de reconnaître notamment des légendes dans ce domaine comme Enki Bilal, Zep, Hans-Ruedi Giger, Rosiński ou encore Tronchet.

La plus imposante des séries valaisannes, celle de la Fondation Pierre Gianadda, couvre quasiment toute la périodes d’activité de Léonard Gianadda. Chaque exposition est associée à une cuvée de la cave Orsat sélectionnée par des éminentes personnalités du monde de la vigne, du vin et de la gastronomie : c’est l’occasion d’un parcours artistique au sein de la création internationale associé au vin valaisan.

Cette série est reconnue pour sa grande élégance et sert d’étonnante vitrine à la création artistique contemporaine.

Dans le beau village de Niedergesteln (ou Châtillon), il ne reste que des ruines d’un château médiéval associé à une famille autrefois puissante et active en Valais et dans l’espace alpin. Les membres de cette famille von Turn ont tous une histoire et un destin parfois frappants.

Dès les années 60, le vin et ses étiquettes se déclinent à l’infini : une commémoration de contemporain-e-s du côté de Sierre, avec le graphisme et l’humour de l’atelier de Jean-Marie Grand; une fusion de deux compagnies nationales d’aviation (avant le fameux Grounding !); une cuvée pour une belle revue alémanique favorisant la découverte de la Suisse ; une élection… ou même une érection, dans le vaste domaine des erotica graphiques… toutes les occasions sont bonnes !

Le sport, malgré les principes de vie saine qui lui sont associés, alimente aussi les collections d’étiquettes : succès sportif, commémorations, manifestations, le vin n’est jamais loin, du tournoi de Sepp Blatter dans la vallée de Conches à une victoire du FC Sion en coupe de Suisse, avec son emblématique joueur-encaveur de Saillon, Fernand Luisier. Même les sociétés de tir et l’équipe nationale suisse de football de Roy Hodgson n’y échappent pas.

L’humour est une composante fréquente de ces cuvées singulières; on fait appel parfois même à des dessinateurs reconnus comme Skyll, Barrigue ou Burki. Les collégiens ont toujours des airs de potaches pour financer leurs voyages, et même les radiologues en congrès ne manquent pas d’ajouter un grain de sel visuel très professionnel.

L’industrie n’est pas absente de cet inventaire, et les grands chantiers du 20e siècle – Grande-Dixence, Mauvoisin, tunnel du Grand-Saint-Bernard méritent bien leurs flacons et étiquettes spécifiques.